Le Syndicat National CGT des CFA a travaillé un texte avec nos administrateurs au CCCA afin de mettre ce dernier devant ses responsabilités.
Voici l’essentiel de ce document, argumenté par les administrateurs CGT lors du Comité de mars du CCCA:
1) Plusieurs affaires récentes (Auxerre, Saint-Grégoire, Rouen et surtout Quimper) illustrent des défaillances importantes des équipes de direction des CFA en matière de relations sociales. A chaque fois, on retrouve : décisions brutales aux conséquences sociales totalement sous-évaluées, refus de négocier avec les représentants du personnel, criminalisation des mouvements sociaux, recours systématique aux procédures judiciaires, pratique du dénigrement personnel, longs bras de fer sans capacité à dégager une perspective de sortie de crise… C’est un comble qu’une association paritaire ne trouve pas d’autres moyens de discussion avec ses salariés qu’une médiation judiciaire ! Quel aveu d’échec !
La formation aux relations sociales est aujourd’hui la grande absente des dispositifs de professionnalisation des cadres. Il s’ensuit un manque de maîtrise et sang-froid préjudiciable au fonctionnement des CFA et à l’adhésion des équipes à la politique des établissements et des associations. Le CCCA possède en la matière une responsabilité importante. Les efforts consentis pour la formation d’accueil et la formation continue des personnels sont soutenus, mais la dimension sociale est escamotée, y compris lorsqu’il s’agit de formation à la gestion des « Ressources Humaines ».
Un réseau paritaire ne peut faire l’économie d’un perfectionnement dans ce domaine. Nous devrions être meilleurs que les autres, nous sommes trop souvent moins bons. Et toutes les affaires qui s’affichent à la une de la presse régionale, en Bourgogne comme en Bretagne nuisent à notre image. Elles altèrent notre identité de dispositif de formation piloté de façon paritaire, sur lequel doit pourtant se fonder notre légitimité comme notre politique de communication à destination de nos principaux financeurs.
2) A Quimper, la volonté de l’association de supprimer des emplois pour répondre à la situation économique est évidente. Une première tentative de suppression d’un emploi d’animateur pour des motifs économiques mal assurés ayant échouée, on saute sur la première occasion pour procéder à un licenciement pour faute et se dispenser des obligations liées au licenciement économique. A son incapacité à maintenir l’activité et l’emploi, l’association ajoute une incapacité à traiter proprement les conséquences sociales de son impéritie. On a voulu utiliser l’émotion réelle et supposée causée dans l’opinion par la grippe A pour exacerber l’indignation et justifier un licenciement pour une broutille. Malheureusement, cela n’a pas pris : ni chez les parents, ni chez les salariés, ni dans l’opinion.
Par son silence, le CCCA suscite une inquiétude profonde dans le réseau. La situation d’un grand nombre de CFA, dans de nombreuses régions est grave sur le plan des effectifs et sur le plan budgétaire. En renonçant à prendre position publiquement à Quimper, en n’osant pas critiquer ou dénoncer la stratégie indigne de la direction de Quimper, le CCCA ouvre la voie à toute une série de licenciements sales qui vont profondément et durablement pourrir le climat social dans le réseau. Les administrateurs salariés d’un réseau paritaire ne peuvent se résoudre à ce renoncement. Dans un réseau paritaire, on se bat pour la défense de l’emploi, et lorsqu’hélas on doit constater qu’on n’a pas su le faire, la moindre des choses est de suivre scrupuleusement les procédures et d’éviter les méthodes de patrons voyous. C’est parce que Quimper préfigure ce qui risque malheureusement de se produire un peu partout que le CCCA-BTP doit impérativement réagir et garder la maîtrise des politiques de gestion de crise.
3) En gardant le silence, le CCCA manifeste une nouvelle fois son impuissance à imposer sur le terrain la volonté des partenaires sociaux de la branche. On lui a confié la responsabilité de piloter la politique salariale des CFA, notamment en négociant les salaires avec les organisations syndicales, il est aujourd’hui incapable d’imposer à une association le niveau des salaires décidé en janvier 2010 (cas du CFA de l’association de l’Yonne). Il n’est pas non plus en mesure de rappeler une association à la raison lorsqu’elle s’enferme dans une politique sociale aux effets dévastateurs ou qu’elle s’engage dans des procédures judiciaires coûteuses et vouées à l’échec. L’amateurisme l’emporte.
Cette situation est particulièrement préoccupante dans le contexte de la régionalisation où, face à des organismes gestionnaires plus puissants, le CCCA va devoir se battre pour conserver ou conquérir son autorité et éviter la dispersion des politiques de formation. La question qui se pose est alors : les partenaires sociaux ont-ils toujours l’ambition de détenir, grâce au CCCA-BTP un outil de maîtrise concertée de la politique de formation initiale dans la branche ? Si c’est le cas, l’indifférence, le laisser-faire ou l’impuissance sont inacceptables.