Afin de compléter mes 2 interventions précédentes portant sur la mal vie au travail, le harcèlement par dénigrement, vexation, reproches professionnels injustifiés, mises à l’écart, atteinte à la dignité, mise au placard, etc… voici à titre d’aide, 3 modèles de lettre que le syndicat avec les élus CGT de votre établissement et les salariés victimes de harcèlement peuvent reproduire en vue de constituer un début de dossier administratif qui suivra, qui vous aidera dans les procédures judiciaires et administratives à venir (si besoin était).
A) – Lettre 1 en RAR adressée à votre employeur :Mme-M. le Président de l’association gestionnaire et Mme-M. le Secrétaire Général ou directeur Général de l’O.G. en ses termes :
» je vous informe que depuis un certain temps, c’est à dire depuis……….., le comportement de M. ou Mme……. (nom et fonction occupée) à atteint à mon égard le seuil du tolérable.
Celui-ci (ou celles-ci) ne cesse de …..(expliquez en détail ce dont vous êtes victime avec précision : réflexion, sous-entendu blessants, brimades, injures, mis à l’écart, etc). Ceci a pour effet de dévaloriser mon travail à mon égard et vis à vis de mes collègues.
Mon état de santé s’en trouve dégradé (expliquez de quoi il s’agit et les conséquences : déprime ayant entrainé des arrêts de travail par exemple).
Vous n’ignorez pas que les actes de harcèlement moral sont réprimés par la loi, punissables d’un an d’emprisonnement et de 15000 Euros d’amende. Vous devez savoir aussi de par la loi (article L.1153-5 du code du travail) qu’il vous est fait obligation en tant qu’employeur, de prendre dorénavant toute dispositions nécessaires en vue de prévenir ces agissements. En conséquence, par la présente lettre RAR, je vous demande d’intervenir au plus vite auprès de M. ou Mme…… afin de faire cesser cette situation à mon encontre.
Le cas échéant :
Vous trouverez ci-joint, les attestations des élus du personnel, ou de mes collègues de travail, témoins des agissements répétés de M. ou Mme…… à mon encontre dans le cadre de mon contrat de travail.
Certain(e) du règlement de cette affaire dans des délais les plus brefs, car cette situation agit sur ma santé au travail, je vous prie d’agréer, M.me Le président de l’OG M.Mme le Secrétaire Général-Directeur Général de l’OG, mes salutations distinguées.
signature de la lettre
copie de la présente envoyée à :
-inspection du travail
– médecine du travail
– délégué du personnel
– délégué syndical.
B) – lettre 2 – lettre RAR d’envoi à Inspection du travail et/ou médecine du travail en cas de harcèlement subi par le(la) salarié(e) :
Je travaille depuis le …(date) dans le CFA de …..(+adresse) en qualité de ….(vos qualification et emploi occupé).
Depuis quelques temps…….. (indiquer précisément quand) j’estime être victime de pressions, de brimades, etc… (préciser exactement) comme étant des actes de harcèlement de la part de M.-Mme…X (indiquer son nom+prénom+liens hiérarchiques ou professionnels.
en effet, je subis :……….(énumérer précisément les agissements en cause : types remarques vexatoires (seul(e) ou devant témoin(s), travail hors de votre champ de compétence selon votre qualification, déclassement de fait, etc…).
Le cas échéant:
vous trouverez ci-joint le témoignage écrit (d’un ou des élus du personnel, du délégué syndical) de l’un de mes collègues dont je vous suis reconnaissant de ne pas révéler le nom à mon employeur.
Et/ou :
Vous trouverez ci-joint copie d’un certificat médical attestant de la détérioration de mon état de santé suite à ces agissements.
Je tiens à porter ces faits à votre connaissance car la détérioration du climat de travail qui en résulte devient pour moi difficilement supportable.
Je vous demande par la présente un entretien dans vos locaux si vous le jugez utile, sinon de pouvoir mener une enquête comme la loi vous le permet au sein de mon entreprise et de bien vouloir rencontrer les élus du personnel, le délégué sndcal parfaitement au courant des pratiques de harcèlement décrites ci dessus, ans s’il y a lieu mes collègues de travail.
En tout état de cause, je sohaite que vous interveniez auprès de mon employeur afin que celui-ci cesse de cautionner (ou de justifier, ou de faire cesser) le trouble que je subis pour harcèlement.
Veuillez agréer, Mme-M. l’inspecteur…, ou le médecin du travail………………………………..signature.
C) – 3ème modèle de lettre du syndicat CGT prise en ACTION en SUBSTITUTION du syndicat pour faire cesser un harcèlement moral envers un(e) salarié(e) collgue de l’entreprise :
(voici le modèle d’une lettre d’information à adresser au salarié vicitime, selon article D.1247-1 du code du travail) :
L.RAR du syndicat CGT à salarié(e) :
« Madame, Monsieur, cher collègue,
Notre syndicat CGT des CFA a appris que votre employeur,…..(nom+ raison soc+adresse) ne respecte pas à votre égard l’article L.1152-1 du code du travail. Selon ce texte, « aucune salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. Aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de formation, de reclassement, d’affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle et sociale, de mutation ou de renouvellement de contrat pour avoir subi, ou refusé de sbir, les agissements définis à l’alinéa précédent ou pour avoir témoigné de tels agissements ou les avoir relatés ».
Dans votre intérêt personnel, et dans l’intérêt de tous les salariés de votre entreprise qui sont vos collègues, nos avons l’intention de poursuivre votre employeur devant le conseil de prud’hommes de ….. et demander réparation du préjudice né de ces agissements fautifs.
Vous pourrez, à tout moment intervenir au procès engagé par notre organisation syndicale ou y mettre un terme si vous le souhaitez.
D’ores et déjà, sans réponse dans les 15 jours à notre présente lettre RAR, nous considérerons conformément à la loi, que vous ne vous opposez pas à cette action.
Veuillez agréer, Mme,M., cher(e) collègue, l’expression de nos salutations respectueuses.
Pour le syndicat CGT……………..signature du SG/DS/RSS
Philippe Fourcault
#1 par Philippe FOURCAULT à 3 septembre 2010 - 23 h 33 min
J’ai lu un livre fort intéressant (instructif de la pensée dominante d’aujourd’hui qui s’instille partout) pendant mes congés d’été (sous la tonnelle, à l’ombre d’un soleil dardant ses rayons de plus de 40°c) !!!
Ce livre s’intitule : « la déprime des opprimés, enquête sur la souffrance psychique en France »-Ed. du Seuil.
Vous avouerez que lire ce type de sujet traité pendant ses congés est moins pire que de s’essayer à le lire pendant toute la longue saison de travail durant l’année ! J’ose toutefois espérer que la lecture de mon résumé ne vous mettra pas (alors que nous avons tous repris le chemin du travail plus ou moins avec engouement) dans un état de stress irréversible !
Je tente donc ici un résumé du contenu de ce livre, suffisamment poussé pour y déceler une critique du monde d’aujourd’hui et des organisations systémiques qui s’imposent à nous en tant qu’individu et collectivement.
Le livre tant à présenter toute une littérature d’ailleurs là pour nous aider à tous combattre ce fameux stress, voire à l’utiliser à bon escient !!
« Stress », « angoisse », « souffrance », « pathologie psychique »… les mots utilisés ne sont jamais innocents ni inoffensifs. Ils sont imprégnés dans le discours public (celui des politiques, journalistes, directions d’entreprise, consultants et experts, des syndicalistes). Banalisés jusque y compris dans leurs conséquences (souvent tragiques pour l’individu et la société humaine), ces mots sont entrés dans le langage courant.
Le livre fait toutefois une distinction entre « le stress » et « la souffrance ».
Pour l’enquête le stress renvoie à l’individu : « Les gens sont nerveux, angoissés ? Ben c’est qu’ils sont stressés ! ». ils se suicident au travail ? C’est pour la même raison. Dès lors « ils doivent apprendre à maitriser ce stress ». Mieux, ils doivent « savoir mettre à profit le « bon stress », c’est à dire « celui qui permet de mobiliser toutes leurs capacités afin d’être plus performant »!
On voit donc l’intérêt qu’il y a à diffuser ce terme : il permet de renvoyer l’individu – et seulement à lui- la responsabilité de ses maux et la responsabilité de les affronter.
Pour s’en convaincre, les définitions « officielles » (politiques et idéologiques) de ces concepts de « stress » et « souffrance » sont éloquentes :
l’Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail explique par exemple, « qu’un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ». Autrement dit : les choses sont bien claires : l’environnement impose des contraintes et l’individu doit les affronter. C’est bien là une conception toute capitaliste néolibérale de ce qu’est un individu : quelqu’un qui n’a-ne doit avoir- aucune prise sur son environnement, qui doit se conformer à celui-ci, trouver les ressources nécessaires dans ce cadre là, sans interroger cet environnement pesant, oppressant, et bien sûr encore moins pour le transformer. En d’autres termes, « l’environnement est une donnée immuable et il faut que l’individu fasse avec, c’est à dire s’adapte ou alors qu’il périsse »!!!
Si vous remplacez Environnement par « Marché », vous avez le discours des économistes néo-libéraux !!!
Autre langage pour expliquer et justifier « le stress » ou « la souffrance », le terme scientifique « indiscutable ». C’est la Science qui parle, le langage des biologistes ou des psychologues; « langage qui a évacué toutes émotions et le pathos, lequel garantirait une démarche rigoureuse et neutre ». En d’autres termes, un livre sur le cancer traite du cancer, pas de la souffrance qu’il provoque. Parce qu’il appartiendrait au « champ scientifique », le concept de « stress » ne relèverait uniquement que des scientifiques, audibles seulement pour le commun des syndicalistes en leur seule qualité d’auditeurs ! Il n’est donc pas pensable- pas envisageable- qu’un syndicaliste (par exemple) puisse avoir une théorie toute autre et surtout chercher à transformer l’état des choses existantes !
Une vision qui permet ainsi d’esquiver le débat politique, économique et social, et de « médicaliser le problème ». En d’autres termes vous l’aurez compris, si le salarié n’arrive pas à maitriser son stress, ses angoisses, sa mal-vie au travail, le salarié doit s’en remettre au médecin ou au psy ; sous entendu pas au syndicaliste qui chercherait, collectivement, à transformer les choses !!!
Pour ce qui est de « la souffrance », le livre nous apprend que c’est un terme répudié par les experts dominants « parce qu’il renvoie au vécus des individus, à leur subjectivité, donc au monde dans lequel ils vivent ». Hé oui, le système économique politique et social néolibéral ne connaît que l’individu -« l’homme économique » – formaté dans un environnement immuable – le Marché-, où celui-ci est producteur et consommateur, seulement mu par ses intérêts, enserré dans les relations contractuelles type « gagnant-gagnant » jusque dans sa vie intime, gérant sa vie comme un capital, seul comptable de ses actes, de ses échecs et de ses réussites. C’est donc bien ainsi que l’on entend banalement dans les conversations que le chômeur de longue durée ne doit s’en prendre qu’à lui même et s’il n’est pas capable de s’adapter il s’exclut logiquement. Il en est de même pour les délocalisations d’entreprises, et toutes autres « réformes » (anti-sociales) pour lesquelles il nous faudrait (en tant que salariés) s’adapter pour ne pas s’exclure de fait soi-même, etc…
Dès lors au terme de « souffrance » (renvoyant trop au vécu), l’idéologie dominante a combiné les mots de « stress » et de « souffrance » : ainsi, « le stress s’inscrit dans un mouvement visant à « pathologiser » la souffrance au travail ». En fait, il s’agit de faire de celle-ci un « trouble individuel comme les autres » – encadré dans un discours public par des experts, qui en font leurs affaires, avec ses concepts, son langage, ses rites. La volonté idéologique est donc bien de l’extraire des conditions dans lesquelles elle prend naissance : l’organisation du système économique et social, l’organisation du travail, avec le sens et la finalité de celles-ci, l’atomisation (l’isolement) et la mise en concurrence des individus dans le système de production, la volonté de destruction des collectifs – seuls moyens de défense contre la souffrance que produit le fait de travailler.
D’où en conclusion, – une conclusion qui m’est toute personnelle et qui demande à être partagée – en effet, le syndicalisme doit s’emparer de cette question ! Car si on ne la politique pas – notamment en s’interrogeant : dans quelle société voulons-nous vivre ? – Avec quel système politique, économique et social ? – et avec la volonté, la ténacité, de changer les choses de ce monde actuel, de les bousculer pour les transformer, le système dans lequel nous vivons -nous survivons- va continuer de produire des dépressifs et des suicidés.
« Ceux qui vivent sont ceux qui luttent » ! écrivait Victor-Hugo au XIXème siècle.
Au XXIème siècle, il est plus jamais nécessaire de dire en le formalisant quelles seraient non seulement les transformations quantitatives et qualitatives qu’il faudrait pour non seulement contester ce système capitaliste et cette société qu’elle engendre, à la fois nocif et incapable de répondre aux besoins humains de notre époque, mais aussi nos options correspondant à un système, à une société de type nouveau.
D’ores et déjà, collectivement, notre rôle est de contrarier les stratégies mises en place par le néolibéralisme après les avoir bien cernées.
c’est ce que cette modeste contribution a tenté de faire !