Le rapport de l’OSCE sur le marché du travail consacre un exposé important et intéressant à la situation de l’apprentissage 4 ans après sa Réforme profonde et après 2 années de subventionnement inédit. Au rebours de nombreux discours convenus, il invite à relativiser le succès quantitatif de la politique de l’apprentissage :

– L’augmentation des signatures de contrats d’apprentissage est très largement imputable à l’explosion des formations du supérieur

– Le dispositif est très fortement subventionné depuis 2 ans (de 80 % à 100 % des salaires d’embauche des apprentis sont directement pris en charge par l’État) ce qui devrait inviter à la prudence avant de vanter les effets de la libéralisation du marché de l’apprentissage imposée par la loi Pénicaud.

– L’extension des aides aux entreprises à tous les niveaux de qualification constitue un détournement des fonds initialement alloués aux jeunes relevant de l’insertion professionnelle vers des étudiants du supérieur qui peinent nettement moins à intégrer le marché du travail.

– L’augmentation très modeste des 1ers niveaux de qualification, voire la stagnation des CAP, malgré les aides importantes versées aux employeurs et dans un contexte de reprise de l’activité économique, constitue un signal très inquiétant.

 

Pour résumer : l’évolution du dispositif est beaucoup moins favorable aux jeunes les plus vulnérables. C’est une politique qui fait beaucoup pour ceux qui ont peu de besoin, et peu pour ceux qui en ont beaucoup. Le tout en arrosant généreusement les entreprises d’argent public.

 

Pour les 1ers niveaux de qualification, cette politique s’est traduite par :

– Des aides considérables allouées aux entreprises pour un effet très limité sur le volume d’entrées en formation (des aides plus ciblées auraient de ce point de vue été beaucoup plus équitables et efficaces)

– Un changement de modèle des CFA avec une approche de plus en plus budgétaire qui a conduit les Organismes de Formation à privilégier le développement des formations les plus rentables au détriment des jeunes réputés plus coûteux, et à limiter les moyens mis à la disposition des apprentis. La réduction très importante des durées de formation des apprentis de CAP et de BP dans les BTP-CFA en est une triste illustration, tout comme le développement des titres professionnels au détriment des diplômes et de la formation générale des apprentis.

 

Face à cette situation : sans pilotage politique de l’offre de formation, le risque est grand de voir l’outil de formation se spécialiser de plus en plus dans les formations supérieures en négligeant les 1ers niveaux de qualification et en ponctionnant les moyens qui devraient leur revenir.      Concrètement, dans un contexte de tension budgétaire sur le budget de France Compétence, la révision des Niveaux de Prise en Charge des Contrats d’Apprentissage risque de se faire au détriment des CAP et des niveaux 4 si une résistance solide ne s’y oppose pas. Et la sortie, brutale ou progressive, du régime des aides exceptionnelles pourraient bien entériner la fin durable du ciblage des efforts sur les jeunes qui en ont le plus besoin et transformer les fonds à destination de l’insertion professionnelles des jeunes en subventions déguisées pour les entreprises.

 

Dans ce contexte, un réseau de formation majoritairement concentré sur les premiers niveaux de qualification comme les BTP-CFA paritaires doit impérativement s’organiser et s’armer pour défendre les apprentis qui ont besoin de lui. La dissolution de toute solidarité et de tout moyen d’agir de concert crée une situation d’impuissance eu plus mauvais moment. Les « partenaires sociaux » doivent prendre conscience de ce contexte et agir rapidement. La CGT se bat et continuera à se battre dans ce sens.

 

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